La formule de Dieu, de José Rodrigues dos Santos

J’aime les questions à la limite de la science et de la philosophie, comme par exemple « est-il possible de démontrer scientifiquement l’existence de Dieu ? » ou « existait-il quelque chose avant le Big Bang ? ». C’est pourquoi j’ai été intéressé par ce roman paru en 2006, et qui promettait d’aborder, en pas moins de 600 pages, aussi bien la physique que la religion.

José Rodrigues dos Santos est portugais, né en 1964. Après avoir passé une partie de son enfance en Afrique et à Macao, il est devenu journaliste et présente notamment le JT de 20h de la télévision publique RTP. Il est l’auteur de plusieurs romans, dont L’Ultime secret du Christ (2013).

Ici le personnage principal est Thomás Noronha, professeur d’histoire et chercheur en cryptologie à l’Université de Coimbra. Il est contacté par une certaine Ariana Pakravan, envoyée du gouvernement iranien, qui lui demande de décrypter un manuscrit. Celui-ci est baptisé “Die Gottesformel”, et le célèbre physicien Albert Einstein en serait l’auteur. La mission est assortie d’une rémunération motivante de 100.000 euros mensuels.

Noronha accepte, puis la situation se complique. L’attaché culturel de l’ambassade américaine à Lisbonne lui fixe un rendez-vous. L’universitaire se retrouve face à une équipe de la CIA, qui lui demande sous la menace d’espionner les iraniens, en devenant une sorte d’agent double. Motif : le document pourrait contenir des informations utiles à la construction d’une bombe atomique, un sujet sur lequel Einstein avait travaillé.

Noronha part alors en Iran, où on lui dévoile le manuscrit : il est écrit en allemand, et se compose d’un étrange poème et de plusieurs feuilles écrites de la main d’Einstein lui-même. Les iraniens, toutefois, ne lui montrent pas ces dernières, expliquant que cela relève de leur sécurité nationale. Fustré de ne pouvoir travailler que sur des données incomplètes, Noronha parvient à lever un coin du voile en remarquant que le poème est écrit en anagrammes.

Puis il est recontacté par la CIA. L’agence exige qu’il participe à une opération commando pour voler l’intégralité du document. Celle-ci échoue, et Noronha, maintenant prisonnier des iraniens, est envoyé à la Section 209, le département spécialisé dans les interrogatoires, comprendre la torture…

Précisons toute de suite que, comme pour d’autres romans, La formule de Dieu a été comparé au Da Vinci Code de Dan Brown. Là encore, ces deux livres n’ont rien à voir, malgré des similitudes comme la profession du personnage principal, ou les thématiques de la religion et des codes secrets. Pour le reste, J. R. dos Santos vulgarise des thèses scientifiques, là où Dan Brown recherche le sensationnel en racontant un peu n’importe quoi.

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Le roman expose ainsi, en termes assez accessibles, de nombreuses théories d’astrophysique en rapport avec la création ou l’avenir de l’univers. L’une d’entre elle, notamment, décrit un univers cyclique qui commence par le fameux Big Bang, sorte d’explosion initiale (même si ça n’en est pas une, les puristes comprendront), puis une phase d’expansion, laquelle finit par s’arrêter. Suit une phase de contraction qui se termine par un effondrement destructeur, le Big Crunch. Puis le processus recommence.

Très bien, mais je trouve étonnant qu’un roman de 2006 cite une hypothèse abandonnée depuis 1998, lorsqu’on a montré que l’expansion à plutôt tendance à s’accélérer.

Mais le lecteur aura aussi droit aux théories du chaos, à celle des cordes et – inévitablement si l’on parle d’Albert Einstein – de la relativité. Le tout avec une pincée de bouddhisme, pour être complet. Chaque dialogue entre les personnage est utilisé pour décrire une thèse. L’ensemble représente une masse de lecture importante, et explique la taille du roman. Lecteurs pressés s’abstenir.

Au plan de l’intrigue toutefois, le final est clairement décevant. Le roman fait monter le suspense, le lecteur s’attend à une révélation incroyable, du genre « on a la preuve que Dieu existe », et le récit s’achève sur une révélation sans intérêt. On se demande pourquoi avoir parcouru tant de théories pour, quasiment, revenir au point de départ. Clairement, J. R. dos Santos avait envie de parler de science et de religion, et en oublie qu’il écrit un roman.

Les personnages, quant à eux, ont l’épaisseur d’un papier à cigarette ; leur histoire personnelle est survolée et c’est finalement sur ce défaut que La formule de Dieu ressemble le plus au Da Vinci Code.

Ces défauts n’enlèvent cependant pas au roman son principal intérêt : être un excellent exposé de physique, d’astrophysique et même de religion. Au début du livre, une note promet que les théories décrites sont exactes et c’est le cas. La formule de Dieu parvient à vulgariser des sciences complexes, même si j’aurais aimé apprendre qu’on a réussi à mettre Dieu en équations.

Ma note : 3 sur 5