La Stratégie Ender, de Gavin Hood

N’ayant pas prévu de lire La Stratégie Ender (1985) d’Orson Scott Card, je me suis laissé tenter par le film éponyme de Gavin Hood, sorti en novembre 2013. Une bande annonce alléchante, une distribution intéressante (Harrison Ford et Ben Kingsley), il n’en faut pas plus pour susciter la curiosité.

Le film adapte le roman en 1h54, et nous plonge dans un futur où la Terre est menacée par une invasion d’extra-terrestres appelés Doryphores. D’apparence insectoïdes, ils ont lancé quelques années auparavant un premier assaut, repoussé de justesse grâce à l’héroïsme d’un pilote, Mazer Rackham, devenu par la suite une sorte de héros international.

Le récit commence avec la menace d’une nouvelle attaque, à laquelle la Terre se prépare en formant de futurs pilotes et stratèges dès l’adolescence. Le recruteur le plus expérimenté, le colonel Graff (Harrison Ford), repère le jeune Ender Wiggin (Asa Butterfield) et le persuade d’entrer à l’Académie militaire, dont le centre de formation est une station spatiale en orbite autour de la Terre.

Ender manifeste rapidement une grande indépendance d’esprit, refusant l’autorité et faisant preuve d’ingéniosité lors des exercices militaires. Il se fait des amis, notamment la jeune Petra Arkanian (Hailee Steinfeld) mais quelques ennemis également. Découragé, tenté par la démission, il retourne sur Terre où sa soeur parvient à le convaincre de poursuivre le programme. Appuyé par Graff qui croit fermement en lui, il accède rapidement à la direction de son propre groupe de combat.

Puis, devant l’imminence d’une attaque des Doryphores, Graff envoie Ender et son groupe sur une base avancée pour achever leur entrainement. Ils y rencontrent Mazer Rackham (Ben Kingsley), qui leur révèle un point faible des Doryphores jusque là tenu caché au public. Grâce à des équipements de simulation d’un réalisme incroyable, les jeunes recrues se préparent au combat final.

Si le film de Gavin Hood a un point fort, ce sont ses effets spéciaux. Les interfaces homme-machine, faites d’hologrammes sur des écrans de verre tactile, s’inspirent de celle de Minority Report. Le rendu de certaines scènes, comme les jeux de guerre dans une salle sans gravité, est excellent et les effets de l’apesanteur sont pour une fois plutôt bien simulés, à l’image de ceux du film Gravity.

Mais ce sont surtout les combats spatiaux qui valent le détour. On commence à voir une certaine évolution par rapport à ceux de la décennie 2000-2010, car les graphistes s’attachent plus à donner une apparence de réalisme visuel. Si les scènes fourmillent de détails, il y a un je ne sais quoi qui leur ôte le côté habituellement artificiel des trucages informatiques. Il était temps, car personnellement j’avais bien plus l’impression d’être dans l’espace en regardant le Star Wars Episode IV de 1977, avec ses effets spéciaux classiques (de banales maquettes), que l’Episode III de 2005 presque intégralement réalisé en CGI et où le rendu est trop artificiel.

Malheureusement, l’intérêt du film s’arrête là. Car le réalisateur a cru qu’un bon casting se suffirait à lui-même, ce qui n’est pas le cas.

Si la prestation d’Asa Butterfield est convaincante pour son âge (14 ans au moment du tournage), son aspect chétif ne colle pas avec l’idée qu’il fait partie des espoirs de la planète Terre, encore moins qu’il peut la sauver à lui tout seul. Certes, un héros bodybuildé serait tout autant incongru, mais si le personnage principal n’est pas crédible, cela n’aide pas à s’immerger dans le film.

Par ailleurs, les autres acteurs déçoivent compte tenu de leurs états de service : Harrison Ford joue un militaire fatigué, et on ose espérer qu’en cas de véritable attaque alien, le recrutement des soldats serait confié à quelqu’un de plus dynamique. Quant à Ben Kingsley, son tatouage sur le visage, que le personnage explique par son origine Maori, le rend carrément ridicule.

Enfin, on a du mal à adhérer à l’histoire elle-même, où quelques jeunes mêmes surdoués peuvent décider de l’issue d’une bataille. Le grand nombre d’adolescents à l’écran, comparé à un faible nombre d’adultes, et les dialogues archi-simplistes font plus penser à un produit pour la tranche 10-16 ans qu’à un vrai opéra spatial.

Par conséquent, La Stratégie Ender n’est pas le film idéal si vous voulez vous plonger dans une vraie histoire de SF. Il faut plus le voir comme un divertissement visuel, le genre de programme qu’on regarde d’un oeil après une longue journée de travail. Du coup, pas sûr que je lise le livre…

Ma note : 2 sur 5